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Dante, Divine Comédie, Purgatoire, chant XVIII, 4 ème corniche, Paresse (...) - Jonathan Abbou Photography

2014 à ... > Dante, Divine Comédie, Purgatoire, chant XVIII, 4 ème corniche, Paresse spirituelle / Acédie


1. A son discours avait mis fin le grand Docteur, et attentivement il regardait sur mon visage si je paraissais content :

2. Et moi, que pressait encore une nouvelle soif, je me taisais au dehors, et au dedans je disais : « Peut-être qu’en trop demandant je le fatigue. »

3. Mais ce Père vrai, qui s’aperçut du timide vouloir qu’en moi je renfermais, en parlant me donna la hardiesse de parler.

4. D’où moi : — Maître, tant s’avise ma vue dans la lumière, que je discerne clairement tout ce que montre et trace la raison.

5. Je te prie donc, cher doux Père, de m’enseigner quel est cet amour à quoi tu réduis toute bonne opération et son contraire.

6. — Fixe sur moi, dit-il, les regards pénétrants de l’esprit, et te sera manifeste l’erreur des aveugles qui se font guides.

7. L’âme, créée pour aimer, se porte vers tout ce qui plait, sitôt que le plaisir l’éveille à l’action.

8. De ce qui existe réellement votre puissance perceptive attire l’image et la déploie au dedans de vous, de sorte que l’âme se tourne vers elle :

9. Et si vers elle s’étant tournée, elle s’y incline, ceci est l’amour, ceci est la nature, que le plaisir unit à vous par un nouveau lien.

10. Et comme le feu se meut en haut, en vertu de sa forme, qui le porte à monter là où plus il subsiste dans sa propre matière,

11. Ainsi, ayant perçu, l’âme entre en désir, qui est un mouvement spirituel, et jamais ne se repose qu’elle n’ait joui de l’objet aimé.

12. Tu peux maintenant voir combien la vérité est cachée a ceux qui affirment que tout amour est louable en soi.

13. Il se peut que bonne en paraisse toujours la matière ; mais tout scel n’est pas bon, bien que la cire soit bonne.

14. — Tes paroles et mon esprit qui les suit, répondis-je, m’ont découvert l’amour ; mais, de cela même naissent en moi de nouveaux doutes.

15. Car, si vient du dehors ce qui détermine l’amour, et que l’âme n’ait point d’autre moteur, qu’elle aille droit, ou qu’elle dévie, ce n’est pas son mérite.

16. Et lui à moi ; — Tout ce qu’ici voit la raison, je puis te le dire ; pour ce qui est au delà, attends Béatrice ; car c’est sujet de foi.

17. Toute forme substantielle, distincte de la matière et unie avec elle, a en soi une vertu spécifique,

18. Laquelle n’est sentie que par son opération, et ne se manifeste que par son effet, comme la vie dans la plante par le vert feuillage :

19. Ainsi, d’où vient l’intelligence des premières notions et le sentiment des premiers objets que l’âme appète, l’homme ne le sait ;

20. Car ils sont en vous comme dans l’abeille l’instinct de faire le miel : et ce premier désir n’a rien qui mérite louange ou blâme.

21. Or, afin qu’à elle viennent s’unir toutes les autres, innée en vous est la vertu qui conseille, et qui doit garder le seuil du consentement.

22. Celle-ci est le principe qui vous rend capable de mériter, selon qu’il accueille et choisit les bons et les mauvais amours.

23. Ceux dont la raison a été au fond, ont reconnu cette liberté innée, et ils ont ainsi conservé la morale dans le monde.

24. D’où, supposé que tout amour, qui au dedans de vous s’enflamme, y naisse nécessairement, en vous est la puissance de le contenir.

25. Par libre arbitre, Béatrice entend la noble vertu ; aie soin de t’en souvenir, si elle t’en parle.

26. La lune, qui avait retardé son lever presque jusqu’au milieu de la nuit, semblable à un bassin embrasé, nous faisait paraître les étoiles plus rares,

27. Et à l’encontre du ciel, elle parcourait la route que le soleil enflamme, alors qu’à son déclin ceux de Rome le voient entre les Sardes et les Corses :

28. Et cette noble ombre par qui plus renommée est Pietola que la cité Mantouane, avait déposé le fardeau dont je l’avais chargée.

29. Par quoi, mes questions ayant reçu des réponses claires et simples, j’étais comme un homme qui, à demi endormi, rêve.

30. Mais cette somnolence dissipèrent subitement des gens qui, derrière nous, se hâtaient,

31. Et, comme jadis l’Ismène et l’Asope voyaient, de nuit, courir sur leurs bords une foule ardente, quand les Thébains avaient besoin de Bacchus ;

32. Ainsi, par ce que je vis de ceux qui venaient, dans ce cercle presse le pas celui qu’emportent un bon vouloir et un juste amour.

33. Ils nous eurent bientôt joints, car en courant allait toute cette grande troupe, et, devant elle, deux criaient en pleurant :

34. « Marie avec hâte courut à la montagne, et, pour subjuguer Herda, César investit Marseille, et courut en Espagne. —

35. « Vite, vite ! que par peu d’amour point ne se perde le temps ! » criaient tous les autres qui suivaient ; « le zèle de bien faire fait reverdir la grâce. »

36. — O gens, en qui maintenant une vive ferveur compense peut-être la négligence et le retard que, par tiédeur, vous avez mis à accomplir le bien,

37. Celui-ci, qui vit (et certainement je ne vous mens pas), veut aller en haut, pourvu que le soleil nous éclaire : dites-nous donc où est le plus près passage.

38. Ainsi parla mon Guide ; et l’un de ces esprits dit : « Viens derrière nous, tu trouveras l’entrée.

39. « De nous mouvoir si désireux nous sommes, que nous ne pouvons nous arrêter ; ainsi pardonne, si te paraît rudesse l’effet de la justice en nous.

40. « Je fus abbé de San-Zeno de Vérone, sous l’empire du bon Barberousse, de qui avec douleur parle encore Milan.

41. « Et tel a déjà un pied dans la fosse, que bientôt fera pleurer ce monastère, et qui s’attristera d’y avoir eu puissance ;

42. « Parce que son fils, difforme de tout le corps, et d’âme pire, et qui mal naquit, y tient la place du vrai pasteur. »

43. Je ne sais s’il en dit plus ou s’il se tut, tant il nous avait devancés ; mais cela j’entendis, et il me plut de le retenir.

44. Et celui qui en tout besoin m’avait secouru, dit : — Tourne-toi par ici, et vois-en deux venir en gourmandant la paresse.

45. Derrière tous les autres ils disaient : « Moururent ceux pour qui la mer s’ouvrit, avant que le Jourdain vît ses héritiers ;

46. « Et ceux qui, jusqu’à la fin ne supportèrent pas la fatigue avec le fils d’Anchise, et se plongèrent eux-mêmes dans une vie sans gloire. »

47. Puis, quand ces ombres furent si loin de nous qu’on ne les pouvait plus voir, en moi entra un nouveau penser

48. Duquel divers autres naquirent, et de l’un à l’autre tant j’ondoyai, que dans le vague mes yeux se fermèrent,

Et la pensée se transforma en songe.

Et aussi...