Emulsion liquide, colorisation, acrylique, pastel d’or
2006 - 2009
« Quelques paroles soufflées au coin des rues, quelques gestes esquissés, comme autant de promesses – simples civilités expédiées par l’envie. Plus tard, le rituel amoureux peut enfin s’accomplir. Sous le regard blasé de ses anges tutélaires, la maison urbaine fait cracher le sperme contre le vitrail étranglé des croyances modernes et dissèque l’amour en pécheresse avisée. Puis, apaisée, voile de ses mensonges légers, ses dernières voluptés laissant derrière elle les traces de ses plaisirs anciens, jouets écartelés, suaires licencieux, elle songe à se saisir des figurines divines. »
Ce travail à lampe électrique, appelé « light painting », a été entrepris en 2009 à la suite d’un besoin de liberté à la prise de vue, ainsi qu’une recherche de surprise au résultat, dans l’aléatoire partiel. Ce besoin m’est venu en atteignant une certaine limite, due à la maîtrise de ma pratique. La surprise n’était plus au rendez-vous, puisque je savais à l’avance ce que donnerait le résultat. C’est à partir de ce constat que je me suis mis à espérer l’accident et me mettre en danger.
Nous déterminons, le modèle et moi, la direction que l’on prendra en faisant des repérages à pleine lumière. Si le modèle est doublé, les positions sont mémorisées par le modèle, pour qu’une fois la lumière éteinte, elle puisse se mouvoir sans contrainte dans l’obscurité et retrouver la, ou les mêmes poses.
Une fois ceci fait, je détermine le cadrage et stabilise mon Hasselblad 6 * 6 sur un pied qui ne bougera plus. J’éteins ensuite la lumière et déclenche mon obturateur sur une pose B (lente). Le modèle reste immobile tout le temps du badigeonnage lumineux. Les temps de lumière sur chaque partie du corps sont très précis. Là où l’aléatoire intervient, c’est que le résultat n’est jamais identique à ce que l’on a prévu, ou presque...
Quant aux compositions elles sont souvent le reflet d’une référence à l’Histoire de l’art. Une espèce de remaniement à ma convenance. Le traitement reste toujours le même qu’auparavant. C’est à dire un traitement photographique traditionnel. Je fabrique mes chimies pour avoir un grain encore plus fin sur le film.
Je deteste le grain sur un tirage. Je tire mes épreuves en respectant toutes les densités.
J’applique un virage sépia qui permet de conserver l’image indéfiniment dans le temps et préserve le détail. Enfin, je colorise mes tirages à l’aide d’encres aquarelles au pinceau et au coton ».