A l’heure de l’avénement du numérique, il importe à l’auteur photographe que je suis (tradition argentique), de donner des éléments techniques sur ma pratique artisanale.On évitera ainsi les confusions qui, sur internet, confondent argentique et numérique.
En premier lieu, j’utilise une emulsion à grain fin type sensibilité lente (100 iso). Avant que la boite ne ferme (snif) j’utilisais de l’AGFA. J’adorai les densités et l’acuitance particulière de ce film surtout lorsqu’il se developpait avec son révélateur, le fameux Rodinal. Malheureusement, aujourd’hui, devant l’impossibilité à trouver ce film, je me suis rabattu sur le classique ILFORD. c’est pas ce que je préfère, mais ça passe. Les demi-teintes sont à peu prés correctes.
Je fais en sorte d’avoir toujours des expositions correctes à la prise de vue, par des mesures régulières de la lumière réfléchie. Généralement j’ouvre d’un diaphragme supplémentaire, pour être plus dur.
Ensuite, je developpe mes négatifs en cuve à spires. Il s’agit de toujours savoir si l’on a surrexoposé ou sous exposé à la prise de vue, car l’agitation de la cuve se fera en conséquence. Si la lumière a été trop juste, j’agiterai, non pas une minute complète pour la première minute, mais deux minutes. De plus l’agitation cinq secondes toutes les trentes secondes, sera fera beaucoup plus énergique, pour faire monter les contrastes, et avoir un film parfait. L’ID11 d’Ilford fait très bien l’affaire
Une fois le temps respecté, l’agitation, et... surtout la température, sur toutes la chaîne ; révélateur, bain d’arrêt, fixateur, l’ensemble à 20° 21°... (mais pas plus), je laverais mon film pendant un quart/une demi heure à eau courante. Le négatif ainsi débarrassé de tout son hyposulfite, peut être séché dans un lieu sans poussière. On rajoute un brin d’agent mouillant, à la fin du lavage dans la cuve, pour faire glisser les gouttes d’eau sur l’émulsion. Cela évite les taches de calcaire sur le film.
Après la planche contact je fais ma séléction dessus. Et avec un marqueur je réalise une ébauche rapide des zones que je vais gratter, ou de l’acrylique que je vais poser
Je pose les négatifs que j’ai choisi sur ma table lumineuse, et là, le travail sur le néga commence. Je pose de l’acrylique, reconstitue mes éspaces en fonction de mes intuitions, ou du travail graphique que j’ai envie de proposer.
C’est un partie de mon travail très délicate, car on a pas réellement droit à l’erreur sur 36 cm 2. C’est pour cette raison que le résultat en ressort brut, sur tirage positif.
C’est l’intuition qui me guide et la spontanéïté. Ici il n’y a pas de recette miracle, c’est chacun qui le sent ou pas. Je n’ai aucun état d’âme à faire crier l’émulsion et je ne suis pas le seul. Il s’agit de toujours contrôler son impulsivité sinon gare aux "sorties de route" ou à la sale croute...
le négatif prêt, je m’installe devant l’agrandisseur. tantôt j’ai préparé mes feuilles en émulsion liquide sur papier à dessin (essai sur Klimt, ou autre) tantôt je prend le baryté que j’ai sous la main dans mon labo. Mon préféré est encore le baryté AGFA, mais bon dans ce domaine BERGGER est vraiment très fort. Ils m’ont soutiennu pendant de nombreuses années. Aujourd’hui je privilégie le papier FOMA
Le tirage doit être pro. : toutes les densités, toutes les gammes de gris, les noirs profonds et du détail dans les blancs. La double exposition est parfaite pour ne pas gacher du papier, et aller vite. je ne m’endort jamais au labo, le tirage doit être bon tout de suite. Pour moi, un bon tireur ne passe pas dix plombes sur un tirage, comme on voudrait nous le faire croire. C’est la pratique assidue et l’observation qui font la différence entre un bon et un mauvais tireur. C’est tout un métier et un savoir-faire qui se perd malheureusement.
Le tirage réalisé, je passe au virage sépia. Comme le négatif j’utilise le sépia pour reconstituer l’éspace au grés de mes intuitions. Avant j’utilisais le férricyanure pur, au coton. Idem pour le sulfure qui me permettait les impacts que l’on peut voir dans mes anciennes série. Une fois bien lavé, le tirage est marouflé, tendu au papier craft sur un support bois de travail (si possible bois mélaminé pour éviter les pollutions au dos de la cartoline).
La colorisation se fait par aquarelle ou écoline, au coton, coton-tiges, pinceaux à retouche, sur le papier baryté sec et tendu (on peut la faire sur papier humide aussi).
voilà sommairement les étapes techniques de la réalisation.
l’aspect manuel et quelque peu artisanal. Il reste ancré dans la grande tradition de la photographie argentique.