La photographie de Jonathan Abbou se développe autour de 3 axes, la féminité (le crime d’éros, un paradis perdu), la galerie de portraits (une macabre réalité , le carnaval des monstres) et la nature morte (la mise en exergue du chaos).
Il y a une osmose entre le travail de Jonathan Abbou et sa personnalité, une intransigeance impitoyable en résultent. Intransigeance dans la précision de la retouche photographique, Impitoyable car le support photographique est torturé, cramé, griffé... Les personnages qui peuplent son univers sont directement touchés par ce traitement qui apparaît comme un signe inquiétant des dangers extérieurs. L’oeil de Jonathan Abbou livre ses personnages à un monde hostile.... C’est là, toute la cruauté de ces photos. L’humain devient un personnage macabre, le monde un décor dangereux et ainsi le drame est mis en jeu. Chacune de ses photos porte en elle, le présage d’une catastrophe, et les signes de ce présage nous sont renvoyés avec la violence que Jonathan Abbou ressent. C’est à ce moment-là que l’assimilation du photographe à l’objet photographié apparaît. Cette fusion révèle à l’oeil une perversion vers laquelle chacun tend.
Jonathan Abbou est donc le photographe de l’ombre, il voit dans le noir un infinité de couleurs, à contrario sa perception de la lumière est aveuglante, tel un bagnard qui sortirai du cachot. Le décor est planté, pourtant une issue est possible... c’est dans ses nus érotiques que se trouve un peu d’apaisement. Le corps de la femme est un univers rassurant, l’image est traitée avec plus de douceur... le corps est désincarné de sexualité, même si le sexe est montré c’est avec beaucoup de pudeur, Le photographe disparaît alors pour laisser un moment de grâce apparaître... il devient le témoin muet d’une beauté auquel il ne devrait pas assister. La mise en scène du photographe, qui apparaît et disparaît aux grés des sujets est symbolisé par un iris, le judas qui nous renvoie à notre propre voyeurisme.
Ainsi la boucle est bouclée, le photographe s’efface et laisse place au spectateur- voyeur qui devient le héros d’un monde ou la couleur est exclue, ou l’intériorité est sombre et le monde extérieur sans pitié. Jonathan Abbou aborde la photo avec beaucoup de sincérité, c’est son inquiétante réalité qu’il nous livre, une réalité où il a essayé de dompter ses monstres, de les mettre en cage. Violaine Sallenave