journal libération 17 août 2018
AU PAYS DES EVE
Erotique. Dans son « Bestiaire d’une naïade », série de clichés sépia colorisés, Jonathan Abbou fait se rencontrer femmes, animaux et fleurs séchées dans un univers onirique.
C’est à la lisière de l’érotisme et de la morbidité, aux frontières de la vie et de la mort, que s’exprime le travail de Jonathan Abbou. Devant ce corpus d’œuvres où l’humain, le végétal et l’animal cohabitent entre tensions et excitations, on ne peut s’empêcher de penser aux photographies de Joel-Peter Witkin et Pierre Molinier. A cette différence essentielle près que les femmes sont ici bien vivantes, incarnations érotisées d’une Eve dans un paradis tentateur ou de Célestine, la soubrette du roman d’Octave Mirbeau Journal d’une femme de chambre.
Dans cette série baptisée « Bestiaire d’une naïade », l’auteur joue avec des références mythiques et littéraires pour créer un bestiaire onirique et troublant. Côté technique, il revitalise un procédé ancien en colorisant, à la main et au pinceau, ses tirages argentiques sépia.
Cette citation du Journal d’une femme de chambre illustre parfaitement le travail de Jonathan Abbou : « L’idée de la mort, la présence de la mort aux lits de luxure, est une terrible, une mystérieuse excitation à la volupté. »
Jonathan Abbou Né en 1967 Vit et travaille à Montreuil
Emilie Rouy