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Montreuil, rue de paris. 4 - Jonathan Abbou Photography

1996-2005 > Montreuil, rue de paris. 4

Montreuil, architecture sommaire. Jadis dortoir pour travailleurs. Immeubles et entrepôts, bâtis pêle-mêle. Point de départ d’une déambulation quasi hypnotique. Une errance, transe, dans un environnement aux toits irréguliers. Les passions humaines sont à l’image d’un paysage en dents de scie ; reflets profonds et soupirs las des « obligés » du système D.
Exilé, j’ai emporté avec moi, sur mes habits et dans mes poches, les parfums du sud natal. Je les ai paumés dans ce merdier. Cette puanteur de vieux, humide, ces relents d’égoûts mêlés à l’odeur d’une population juteuse, étouffent mes pores. Et tout ce flegme, ce “ je m’en
foutisme” contrôlé, où le sale et le propre dorment dans la même couche. Et tout ce mauvais goût, à la fois mêlé de prétention et de ragot de pommes de terre. J’avais toujours vécu le pire ou le mieux, mais jamais les deux à la fois.

La ville entière est à l’image de ses paradoxes : passé l’écriteau Vincennes ou Paris, Montreuil s’enfonce dans sa tristesse, nostalgique de ce qu’elle fut, une bonne petite ouvrière avec ses coteaux de pêchers.
Les constructions semblent avoir été là depuis toujours. Les trahisons et la morosité ont terni leurs façades, la pollution a fini de les souiller.
Je tente avec mon vieil hasselblad de saisir des ambiances, de shooter la réalité, pourtant mes planches contact ne me révèlent que des illuminations : dans ce climat, l’hiver surtout, quand je me balade j’ai des projections temporelles. Impression d’avoir déjà vécu ces scènes : couleurs et réminiscenses de l’enfance, peut-être d’un patrimoine collectif. Pourtant, je suis né, à plus de 4000 km, en plein sun, dans les vagues d’une mer noire.
Des parents ont déjà dû faire escale par ici, au temps où nous étions nomades. Peut-être ont ils séjourné dans ces taudis sombres et moites, brefs relais avant la dernière douche, gaz sans eau, une douche à sec...
J’imagine dans ces rues des souffrances, et j’aperçois des fantômes fuyants, dans les recoins. Ils cherchent à se faire la malle tentant d’échapper à des soldats qui portent des pots de chambre sur le crâne, pour protéger leurs têtes qui leur sert de cul.
Tous ces martyres imprègnent d’angoisse mes surfaces sensibles et font pleurer mon papier à fibres ; mes sels d’argent s’oxydent, arborant un sépia pathétique.

Et aussi...